A l’occasion de l’évènement “Juin aux jardins”, nous avons rencontré Marie-Louise Bouchardon, propriétaire du gîte “Aux Gouttes de Veyrines***”.  Passionnée de roses anciennes, elle nous a fait découvrir son jardin de 3000 m² attenant au gîte. Il sera possible de le visiter en juin lors de 2 demi-journées.

  1. La Haute-Loire compte de nombreux et remarquables jardins, comme celui d’inspiration médiévale de Chamalières-sur-Loire, d’où est venue l’idée d’un jardin qui accompagne votre gîte Aux Gouttes de Veyrines ?

Ce jardin, qui existait d’ailleurs avant le gîte, est né tout simplement de l’amour de la nature mais également d’une réelle passion pour les fleurs en général et pour les roses en particulier.

Cette sensibilité m’a été transmise par ma maman car elle était toujours à l’écoute de la nature et, elle était aussi passionnée de fleurs. Avec mon mari, nous avons entretenu et développé ce goût en visitant de nombreux parcs et jardins mais également par de nombreuses lectures. Enfin, nous avons fait des rencontres de collectionneurs de roses ou de rosiéristes passionnés : Odile Masquelier, Paul puis Dominique Croix, Jean-Pierre Guillot des Roses Guillot, et surtout André Eve et Guy André qui m’ont fait découvrir plus particulièrement les roses anciennes.

Les plantes vivaces sont arrivées un peu plus tard dans le jardin. Là aussi, j’ai eu la chance de bénéficier des judicieux conseils d’horticulteurs locaux : Henri Massard de La Séauve-sur-Semène et René Joumard de Monistrol (qui nous ont quittés depuis…) ainsi que de Juliette Darnes de Saint-Julien du Pinet.

Je me suis investie aussi lors de la création pour l’an 2000 de la roseraie municipale de Saint-Galmier ; lieu à découvrir en cette période !

  • Pour les Monistroliens, votre jardin est une sublime roseraie. Vous permet-il en effet de dévoiler votre passion pour les roses ?

Sublime roseraie ? Non, ne rêvons pas ! Trop de liberté est laissée à la nature ! Vous trouverez dans ce jardin de nombreuses variétés de rosiers ; je citerai par exemple les rosiers buissons à petites fleurs, d’autres à grandes fleurs, des rosiers grimpants mais aussi des rosiers lianes ou encore des rosiers rugueux, etc.

Je reviens sur les rosiers « lianes » car ils attirent le regard. En effet, ils sont installés sur les pergolas ou alors ils grimpent sur les murs de certains des bâtiments du gîte. Le plus impressionnant se trouve en dehors du jardin, il s’agit de Kew Rambler qui a grandi contre le bâtiment de ferme. Papa Meilland et Mme Alfred Carrière, dans le même secteur, atteignent des hauteurs impressionnantes ; ils ne sont jamais arrosés mais bénéficient du passage d’une source d’eau souterraine.

Au sein de la roseraie, je suis attachée à un rosier en particulier. Il est unique : Wilthorry. Cette variété est un croisement arrivé spontanément et, j’ai choisi cette dénomination en référence aux prénoms de mes petits-enfants.

En ce qui concerne les variétés choisies, il ne faut pas oublier que ce jardin de roses est situé à 800m d’altitude et, par conséquent, nous avons dû réfléchir pour sélectionner des variétés adaptées entre autres aux risques de gel. Nous avons également choisi les variétés en fonction de leur parfum ou de la durée de leur floraison mais aussi de leur résistance aux maladies. Raisonnablement, il nous a fallu renoncer à certains rosiers.

On m’interroge souvent sur les différences entre les roses anciennes et les roses modernes. Les roses modernes sont remontantes, c’est-à-dire qu’elles refleurissent durant l’été ; elles ont également une meilleure tenue en bouquets. Les variétés anciennes donnent des roses qui sont généralement plus parfumées.  Leur floraison est certes unique mais elle est tellement généreuse que le mois de juin est toujours une splendeur dans le jardin !

  • Vous êtes dans un environnement boisé à Monistrol-sur-Loire, et donc par contraste, vous avez conçu votre jardin comme une sorte d’éclaircie lumineuse. Pouvez-vous nous en dire plus et nous éclairer sur les aménagements et sur les différentes essences choisies ?

Certaines plantes ont été choisies pour accompagner au mieux les pieds de rosiers. C’est le cas des vivaces qui sont arrivées comme nous l’avons évoqué ensuite pour une raison simple : il s’agissait de maintenir la fraîcheur aux pieds des rosiers. Vous découvrirez ainsi en accompagnement des rosiers : en mai des iris bleus jaunes et blancs, des bleuets et de grandes bourraches pour rester dans les tons de bleu. Le mauve et le rose du printemps, nous le devons aux ancolies. Ensuite, en juin, ce sera le tour des lupins par exemple. Les géraniums vivaces sont nombreux. Ils forment un bel espace couvrant… mais deviennent invasifs au fil des ans !

roseraie

Le vert tendre de ce mois de mai nous le devons aux euphorbes. Mais ces dernières comme les lupins, puis les asters en fin d’été, gagnent du terrain ! 

Il y a aussi de arbustes avec différentes variétés de viornes dont les fleurs blanches s’étalent en ombelles. Les hortensias fleurissent longtemps aussi ; ils demandent un arrosage fréquent. A l’orée du bois, nous avons quelques pommiers et, avant le chalet, il y a un amoncellement de rochers sur lesquels deux grands arbres ont réussi à installer leurs racines.

  • En ce qui concerne l’entretien de votre jardin, que pouvez-vous nous dire ?

Je donnerai ce conseil aux personnes intéressées par le domaine des jardins et des roseraies : il faut être passionné et surtout courageux ! Les premières plantations ont maintenant 30 ans. Rosiers et plantes ont cohabités « harmonieusement » pendant une dizaine d’années. A présent, l’entretien devient de plus en plus compliqué. Par exemple, les rosiers lianes n’ont pas de limite de croissance et donc lorsqu’il faut les tailler c’est un exercice très physique ! Heureusement je ne suis pas toute seule et j’ai toujours eu la chance de bénéficier de l’aide de mon mari et de ma famille. Depuis quelque temps, une autre personne dynamique et compétente en jardinage   nous apporte son aide ponctuellement

Apparemment, je n’ai pas été suffisamment vigilante au fil des années et, le jardin est maintenant un peu « envahi » par des plantes à rhizomes traçants, comme c’est le cas pour les asters. Depuis deux ans, un nouveau problème est survenu : un ou des chevreuils ont réussi à trouver, malgré la présence d’une clôture, un point d’accès et je découvre le matin qu’ils se sont régalés des extrémités des branches et des boutons des rosiers. Je lance d’ailleurs un appel car je suis à la recherche d’une solution éventuelle ?

Malgré les contraintes et l’exigence de l’entretien, c’est toujours un réel bonheur de partager des moments dans ce lieu où poussent les plantes comme autant de cadeaux de la nature. Je suis heureuse que vous soyez là pour cette interview mais je suis également très heureuse de recevoir des visiteurs que ce soient les hôtes du gîte, qui sont devenus au fil des années des amis, ou les visiteurs que nous accueillons à l’occasion de la manifestation nationale des « Rendez-vous aux jardins » qui se tiendra comme chaque année en juin.

  • Enfin pour notre dernière question, nous souhaitons savoir quels sont vos jardins ou lieux « nature » préférés des Gorges de la Loire

Mes réponses vont nous entraîner en dehors du secteur des Gorges de la Loire. En effet, comme je vous le disais, notre passion pour les jardins a grandi en visitant d’autres lieux. Nous apprécions plus particulièrement la vielle ville du Puy-en-Velay avec évidemment le jardin Henry Vinay et le jardin de l’Evêché, mais également le charmant petit jardin du Camino où sont accueillis les marcheurs qui s’en vont à Saint-Jacques de Compostelle ; il est peuplé d’arbustes à fleurs et de fruitiers. Mon goût pour les roses, nous a permis de visiter le jardin de Taulhac car cet ancien verger est consacré à la sauvegarde des arbres fruitiers et des roses anciennes. Le jardin des Charmilles à Saint-Germain-Laprade est une réussite extraordinaire. Enfin, je mentionnerai le jardin de Christiane Chossegros à Saint-Paulien qui comporte certes des rosiers mais également des arbres et arbustes rares et de nombreuses vivaces. J’en oublie sans doute bien d’autres !

Finalement, avec mon mari, nous avons la grande chance d’avoir ce lieu à notre disposition et donc, nous en profitons le plus souvent possible. Parfois, le matin depuis la terrasse, nous apercevons des chevreuils. Et quand j’arrive dans le jardin, j’aperçois un lapin craintif qui se sauve vers le sous-bois. C’est un incomparable bonheur pour nous d’avoir ce petit coin de nature…

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Sylvie

À propos de Sylvie

Passionnée par le patrimoine, les sites mais également la nature et les paysages, je suis revenue m’installer dans les Gorges de la Loire. Je découvre et redécouvre ainsi toutes les richesses innombrables, variées et précieuses de notre beau département ! Et surtout je les partage au sein du bureau de l’Office de Tourisme avec les nombreux visiteurs de passage.

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